Voyage en Italie en voiture électrique : l’enfer ou le paradis ?

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Les véhicules électriques (ou les VE ou encore EV en anglais) et les bornes de recharge, on en voit de plus en plus. Et bien que beaucoup de gens roulent déjà en hybride, il semble que de nombreuses personnes ne soient pas (encore) prêtes à passer au 100% électrique.

Faut-il être un baroudeur pour traverser l’Europe avec une autonomie de ‘seulement’ 400 km ? Ou est-ce que c’est tout à fait faisable ? Nous avons posé la question à Erika (48 ans) et Sam (45 ans), un couple anversois. Cet été, ils sont allés en Ombrie et -attention spoiler- ils ont réussi à rentrer.

La conduite électrique, est-ce que c’est un choix délibéré ?

Sam : Oui, même si nous ne montons pas aux barricades. Nous savons bien que les batteries des VE ne sont pas parfaites. Mais, d’un point de vue plus général, le passage des énergies fossiles aux énergies renouvelables nous semble être la voie la plus sensé.

Erika : Que nous roulions finalement à l’électricité, à l’hydrogène ou à la limonade, peu importe. Pour nous, le cynisme ne doit pas empêcher la conduite électrique.

Cet été, vous êtes partis pour l’Italie en voiture électrique. Vous étiez bien préparés, je suppose ?

Erika (riant) : Ça, c’était le plan… Nous avions le projet de calculer où et quand recharger, de repérer les stations de recharge les moins chères, les plus rapides et les moins fréquentées,…

Erika : Si nous, nous sommes capables d’aller en Italie en VE (et d’en revenir !), alors tout le monde peut le faire.

Sam : En réalité, nous sommes partis en plein week-end noir, sans autre préparation que quelques cartes de recharge courantes et Google Maps. Différentes cartes de recharge sont très utiles, même en Belgique. Toutes les bornes n’acceptent pas toutes les cartes !  Avec Plugsurfing et Shell Recharge (anciennement NewMotion), nous avons bien avancé.

Erika : L’appli Tesla est vraiment super. Nous avons une Polestar, mais Elon Musk laisse l’accès à d’autres marques à leur réseau ultra rapide via l’appli. En une demi-heure, on passe de 20% à 80%. Après quoi, on prend la route. Parce qu’à partir de 80%, la vitesse de rechargement diminue sérieusement, avec n’importe quel chargeur d’ailleurs. Ce n’est pas un complot, c’est simplement de la physique.

Sam : Nous avons été étonné de ne pas voir de files, même pendant le week-end le plus chargé de l’été. C’était notre plus grande crainte. Nous n’avions pas peur de ne pas trouver de stations de recharge, mais de devoir faire la queue. Le seul endroit où il a fallu être patient, c’est dans l’inévitable tunnel du Gothard. Nous étions dans les files, en compagnie des voitures diesel et à essence.

Sam : Pas de file d’attente. Nulle part. La recharge dure effectivement un moment, mais on n’est pas obligé de rester planté à côté de la voiture.

Erika : La recharge prend du temps, évidemment. Même sans faire de file. Mais il faut voir les choses autrement : le trajet, c’est déjà les vacances. On peut profiter des périodes de recharge pour lire un bon bouquin. Ou pour faire une petite balade. J’avoue que c’est plus simple sans enfants. Lire un livre sur un parking dans la montagne n’est pas précisément le rêve des jeunes enfants…

Sam : Par contre, pour recharger leur tablette, il n’y a rien de plus rapide qu’un VE. De nombreuses voitures électriques ont également leur propre internet à bord (sans supplément). En regardant Netlfix ou Youtube sur la console centrale pendant la recharge, le temps passe très vite. Mais effectivement, avec de plus petits enfants, c’est moins évident. À l’aller, nous avons fait une étape et logé à Bâle en Suisse. Avec des enfants, ce serait un défi logistique. De ce point de vue-là, nous avons de la chance : nos ados ne passent plus leurs vacances avec nous et ils sont même ravis quand nous partons un jour de plus (rires).

Sam: Avec les enfants, les trajets en voiture, c’est toujours compliqué. Mais l’internet qui équipe de nombreux VE et le streaming sur YouTube facilitent énormément les choses.

C’est vraiment stressant, l’idée de devoir recharger ?

Sam : Là aussi, il faut ‘penser autrement’. Il ne faut plus attendre que le témoin clignote avant de penser à faire le plein. Il faut plutôt se comporter comme avec son GSM : vous n’attendez pas qu’il descende à 1% et vous ne le rechargez pas systématiquement à 100%. En voiture, si vous ne descendez pas trop en dessous des 20%, le stress est quasi inexistant. Il y a beaucoup de bornes de recharge rapides en Europe. La France et l’Italie sont bien couvertes, mais c’est la Suisse qui détient le record. On a l’impression de passer devant une station de recharge tous les 5 km.

Erika : Finalement, c’est en Belgique qu’on est le moins bien équipé. Nos stations-service n’indiquent généralement pas à l’avance si elles disposent de bornes pour VE ou non. À l’étranger, c’est prévu. La question qui se pose donc à chaque fois, en concertation avec le GPS : on s’arrête ici ou on continue ?

Faut-il souvent faire un détour pour trouver une borne de recharge ?

Erika : On apprend très vite à l’éviter. Le GPS suggère le prochain point de recharge, mais il vaut toujours mieux vérifier sa localisation. Généralement, il s’agit d’une borne rapide le long de l’autoroute. Mais parfois, on se retrouve face à un garage à dix minutes d’une sortie d’autoroute et… avec un portail fermé. Avec un peu de chance, on trouve une borne juste en face d’un restaurant agréable. Les stations de recharge de l’autoroute sont donc le choix le plus sûr, même si ce n’est pas toujours le plus économique. Et malgré cela, la recharge reste bien moins chère que le plein d’essence ou de diesel.

Les VE sont souvent puissants et rapides. À quel point la conduite influence-t-elle la consommation ?

Sam : C’est énorme. On pense, à tort, que les embouteillages sont une source de stress pour les conducteurs d’un VE. Or, la voiture ne consomme pratiquement rien puisque le freinage à répétition recharge la batterie.  Quand nous quittions les montagnes suisses, pendant la longue descente, j’ai vu ma batterie augmenter de 47% à 49%. Bien sûr, nous avions dû commencer par monter jusqu’au sommet. Mais c’était amusant de se dire que les montagnes nous payaient pour qu’on reparte.

Erika: Beaucoup d’endroits sont limités à 110 km/h. Exactement la vitesse la plus économique pour les VE…

Erika : On consomme beaucoup en roulant vite et en accélérant vivement. La conduite la plus économique se situe autour des 115 km/h. Vous pouvez estimer que c’est lent, ou vous pouvez profiter du paysage. Souvent les autoroutes européennes sont limités à 110. Nos quatre cents chevaux sous le capot ont donc eu droit à un peu de vacances. En conduisant tranquillement, on va plus loin, sans stresser.

Y a-t-il quelque chose de particulièrement agréable quand on voyage en VE ?

Sam : Bon, je ne dirai pas que les conducteurs d’un VE se tombent dans les bras à chaque borne de recharge. Mais si une borne ou une carte de recharge ne fonctionnent pas, il y a un élan de solidarité immédiat pour trouver une solution.

Erika : Dans un restaurant près de Pérouse, on nous a servi un véritable petit plaisir EV. C’était un endroit isolé mais dont le parking était équipé d’une borne de recharge. Gratuite pour les clients ! Nous sommes donc repartis de là avec le ventre bien rempli et une batterie totalement rechargée. Gratuitement. Imaginez un parking où vous pourriez prendre de l’essence sans payer… Là, pas de doute, il y aurait des files.

Disclaimer : Les informations contenues dans cette publication constituent un commentaire général sur la situation financière actuelle et ne doivent pas être considérées comme un conseil ou une recommandation concrète en matière de produits financiers.