Les bourses satisfaites par les États-Désunis d’Amérique

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Pendant les semaines qui ont précédé les élections, les bourses ont connu d’importantes fluctuations. Et l’inquiétude d’une correction grandissait sans cesse. Entretemps, les électeurs américains ont changé la donne. La “Vague bleue” traduisant une victoire sans équivoque des Démocrates et annoncée selon certains sondages, n’a en effet pas eu lieu. Deuxième surprise : les bourses ont réagi positivement à un résultat électoral divisé. Plus fort encore, l’index S&P 500 a réalisé la meilleure performance quotidienne de son histoire, alors même que le résultat des élections n’était pas encore connu.

Les écarts entre Donald Trump et Joe Biden sont tellement faibles que, deux jours après les élections, l’issue n’est pas encore certaine. Les spécialistes sont néanmoins tous d’avis que la situation se présente mieux pour Joe Biden. Avant même que tous les votes soient comptés, il est également apparu clairement que Donald Trump exigerait un recomptage. L’incertitude pourrait dès lors se prolonger pendant plusieurs semaines.

Les bourses ont digéré la situation avec un calme remarquable. Les économistes avaient pourtant indiqué un risque de chaos en cas de résultat imprécis ou incertain. N’est-il d’ailleurs pas notoire que les investisseurs exècrent l’incertitude ? Mais voilà qu’après l’Election Day, les cours des actions ont monté en flèche tandis que les taux d’intérêt chutaient. Les investisseurs se réjouissent donc que les électeurs aient si bien réparti leurs voix entre Démocrates et Républicains. Car ainsi, aucun des deux partis ne pourra imposer des décisions allant résolument dans son sens, déclare-t-on. C’est pourquoi il sera très difficile de mener une politique tranchée, ce qui est précisément perçu comme positif par les investisseurs.

Étant donné que le Démocrate Joe Biden a le plus de chances d’être le prochain président, alors que le Sénat conservera probablement une majorité républicaine (bien que ceci ne soit pas encore un fait établi), la marge de manœuvre du président sera limitée. Par conséquent, Biden ne pourra si facilement revenir sur les décisions politiques prises par Donald Trump, surtout en matière de fiscalité où la coopération du Sénat est particulièrement nécessaire. De nombreux Américains, et sans doute un nombre encore plus grand d’investisseurs, espèrent de ce fait que les augmentations d’impôts prévues dans le programme démocrate, resteront lettre morte. La crainte d’une réglementation radicale, concernant notamment les entreprises technologiques, a elle aussi diminué.

Sur les marchés financiers, on apprécie par ailleurs le fait que Joe Biden devra modérer l’utilisation des fonds publics, lorsque celle-ci sera jugée trop large par les Républicains. Les nouveaux plans de relance, pour faire face aux conséquences de la pandémie Covid-19, seront donc probablement moins importants que Biden ne l’avait promis. Cette situation rassure le marché de obligations qui espère que la dette publique des États-Unis, qui s’est considérablement alourdie sous le mandat de Trump, ne s’aggrave davantage. Ainsi, la confiance envers les États-Unis en tant qu’émetteur d’obligations s’est-elle renforcée et le taux d’intérêt a-t-il baissé. Ce qui est positif également pour les bourses d’actions. Les marchés anticipent déjà sur le changement de pouvoir, avec Biden, dans les domaines où le président dispose d’un pouvoir certain, comme en politique étrangère. La monnaie chinoise s’est renforcée par rapport au dollar américain. Les investisseurs s’attendent à ce que les relations entre les États-Unis et la Chine, sous Biden, se calment (même si de dangereux remous persistent).

Si les politiciens ont moins de marge de manœuvre et si un Congrès divisé coupe les ailes à la politique budgétaire, la Fed (Réserve Fédérale ou banque centrale américaine) disposera d’un pouvoir supérieur. Pour l’instant, les investisseurs lui accordent encore toute leur confiance, ce qui n’est pas le cas envers les politiciens. Avec la Fed, les investisseurs se trouvent en terrain connu puisqu’elle a dominé le paysage économique du pays tout au long de la dernière décennie. Bref, le scénario annoncé comme cauchemardesque au départ, se transforme aujourd’hui en scénario parfaitement vivable pour les investisseurs. On se demande par contre combien de temps cette lune de miel peut durer sur les marchés boursiers. Mais pour l’heure, les investisseurs comptent leurs gains.

Disclaimer : Les informations contenues dans cette publication constituent un commentaire général sur la situation financière actuelle et ne doivent pas être considérées comme un conseil ou une recommandation concrète en matière de produits financiers.